Sans vouloir tomber dans la paranoïa, le nouveau navigateur web « Chrome » de Google marquerait-il l’ entrée du géant des années 2000 dans l’ère de la « catastrophe Big Brother » ?

Comme le souligne Didier Durand du blog Media & Tech, le géant des années 1990, Microsoft, a du faire face à des « catastrophes sécuritaires » et ainsi allouer des budgets conséquents à la sécurité de ses systèmes d’exploitation et de son navigateur Internet Explorer. Aujourd’hui, Google semble de plus en plus être confronté à une « catastrophe » d’un autre type, celle du « Big Brother« .

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« Je navigue sur Internet Google »

Un internaute peut désormais grâce à Google pratiquement tout faire gratuitement sur Internet . Outre le fait d’accéder à des informations relativement fiables grâce au moteur de recherche, l’internaute peut gérer son agenda (Google agenda), ses e-mails (Gmail), organiser ses flux RSS (iGoogle), générer des revenus publicitaire (Google AdSense) via son blog (Blogger) et en analyser son audience (Google Analytics), stocker ses documents et les publier (Google docs et/ou Knol), faire partie d’un réseau social (Orkut), gérer ses photos (Picasa), de converser (Gtalk) ou encore accéder à des milliards de vidéos (YouTube)… Cette gratuité ainsi que les services rendus ont cependant un prix, celui de l’observation et de l’analyse par Google des habitudes des internautes.

Libre concurrence

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Si Microsoft a été accusé de position dominante et a ainsi été attaqué en justice, c’était parce qu’il proposait Internet Explorer et Windows Media Player gratuitement avec son système d’exploitation. Google propose actuellement en home page (voir ci-dessus) le téléchargement de Chrome. Sachant que le moteur de recherche de Google atteint les 90,61% de part de marché en France, pouvons nous considérer ce lien comme un frein à la libre concurrence?

Respect de la vie privée

Même si Matt Cutts tente de rassurer les internautes à propos des échanges entre Chrome et les serveurs centraux, Google a confirmé qu’en proposant Chrome, il pourrait conserver 2% des requêtes tapées dans l’Omnibox, la barre de navigation et de recherche intelligente. Le géant de Mountain View pourra ainsi connaître tout ce qui est tapé dans le navigateur, même si l’utilisateur ne valide pas sa requête. Peter Eckersley, membre de l’association américaine de défense de la vie privée Electronic Frontier Foundation (EFF), indique que « Nous sommes inquiets de voir Chrome devenir un nouveau tapis roulant géant qui déverse encore plus d’informations sur nos usages du web dans les coffres de données de Google (…) Google en sait déjà beaucoup sur ce que tout le monde pense à un moment donné. »

Si la sécurité était le principal problème de Windows, le respect de la vie privée sera très probablement celui de Google. Le moteur de recherche Cuil, lancé en juillet dernier et développé par Anna Patterson, Russell Power et Louis Monier, anciens employés de Google, promet ainsi de respecter la vie privée de ses utilisateurs. « Quand vous recherchez avec Cuil, nous ne collectons aucune information personnellement identifiable. Nous n’avons aucune idée qui envoie des questions : pas de nom, pas d’adresse IP, et pas de cookies. Votre historique de recherche est vos affaires, pas la nôtre »

Censure

Enfin, l’autre « danger » provient de la capacité de Google à décider ce qui peut être visible sur le net. En filtrant à partir de 2006 les résultats proposés sur Google.cn, la société s’est « conformée aux régulations et lois locales » chinoises mais contraint des millions d’internautes à ne pas accéder à certaines pages. De plus, tout internaute qui souhaite que ses publications soient vues, doit adopter une attitude « Google Friendly » et gare à ceux qui comme BMW tentent de tricher, leur site sera blacklisté, donc absent des réponses de 90,61% des requêtes françaises. Encore une histoire de position dominante?

Le pouvoir que les internautes ont pu s’approprier vis-à-vis des sociétés grâce à Internet (voir pour cela l’exemple du site Dell Sucks) serait-il actuellement repris en partie par Google ? Il ne nous reste plus qu’à croire le slogan de la société « Don’t be evil »

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About Cédric Bellenger

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