La chronologie des médias voit ses bases se fissurer de jour en jour. Après la récente suggestion du cinéaste Luc Besson consistant à proposer la diffusion de films sur Internet dès le premier week-end de sortie en salle à un prix “premium”, c’est au tour du Centre National de la Cinématographie (CNC) de consulter les professionnels du cinéma. Ce dernier souhaite ainsi évaluer les répercussions d’une éventuelle réorganisation des fenêtres d’exploitation des films en réduisant le délai légal entre la sortie en salles d’un film et son exploitation DVD et VoD à quatre mois contre six actuellement pour la sortie DVD et sept pour l’exploitation VoD.

Selon le site ElectronLibre, le CNC suggère également de revoir le délai plancher entre la sortie en salles et la diffusion sur les chaînes cryptées telles que Canal +. Le Centre envisage ainsi de ramener ce délai à 9 ou 10 mois au lieu de 12 actuellement. Les chaînes hertziennes coproductrices (TF1, France 2…) verraient également  ce délai se raccourcir de deux à trois mois. De plus et selon l’Expansion, si le CNC attend les réactions des professionnels d’ici la mi-janvier un accord concernant le réaménagement de la chronologie des médias doit être trouvé au plus tard le 31 mars 2009.

Si tout commence à aller de plus en plus vite et on ne peut que s’en réjouir, une des meilleures représentations du décalage entre d’un côté le souci de réguler et de faire vivre tout un secteur partagé entre plusieurs exploitations (salles, DVD, TV…) et de l’autre les consommateurs, peut être résumé par le commentaire de « apbgalx » sur le site de L’Expansion : « Par le P2P, on les a 2 semaines avant leur sortie en salle. »

En effet, si le CNC envisage de ne réguler « que » nationalement (c’est son rôle, on ne peut pas le critiquer pour cela), il serait nécessaire d’envisager comme l’avaient fait les distributeurs du Seigneur des Anneaux ou encore du deuxième volet de Matrix, des sorties mondiales de manière quasi systématique afin de limiter le piratage sur Internet. En effet, le problème que rencontre très certainement le CNC et plus généralement les producteurs et distributeurs français réside dans le fait que les films américains qui subventionnent en partie le cinéma français (via le « compte de soutien ») sont d’autant plus facilement piratés qu’ils connaissant une sortie nationale aux États-Unis parfois des mois avant leur sortie en France. Et comme chacun sait, Internet fait fi des frontières.

Un bon exemple à suivre provient du modèle de distribution des séries télévisées américaines. Les chaînes TF1 puis M6 se sont adaptées à l’évolution Internet via leur service de VoD en proposant en France dès le lendemain de leur diffusion aux USA les séries en VO sous-titrée.

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