Alors que la loi Hadopi vient d’être retoquée par le Conseil Constitutionnel, on peut se poser la question suivante : où va le cinéma et comment va-t-il être financé dans les prochaines années? En effet, à l’heure du haut débit et bientôt du très haut débit (grâce à la fibre optique) et à la diffusion numérique HD dans les salles (actuellement projection pellicule) et donc la possibilité pour n’importe quel projectionniste de mettre le film en qualité HD sur sa clé USB et de le diffuser sur le net, le business model du cinéma (distribution et production) va forcément devoir être revu en profondeur.
Une des pistes qui me semble le plus tenir la route est celle du film-documentaire “Home” du photographe/réalisateur Yann Arthus Bertrand. En effet, le groupe PPR (Pinault-Printemps-Redoute) a financé 10 des 12 millions d’euros du budget du film et l’a fait savoir dès le début du générique grâce au titre “HOME” formé par les différentes marques du groupe : Gucci, Puma, Conforama…lui permettant ainsi de véhiculer une image positive car écologiste.
Les films vont devenir des sortes de messages publicitaires à part entière (comme le fut il y a plus de 10 ans le film “Small Soldiers” de Joe Dante, Burger King en obtenu officieusement le final cut ) et seront ainsi rattachés à l’image de marque des sociétés. Les producteurs importants à l’heure actuelle (Gaumont par exemple) deviendront des sous-traitants pour des marques qui souhaitent véhiculer leur image grâce au média cinéma. Et pour ces dernières, peu importe que le film ne fasse aucune entrée payante, pourvu qu’il soit vu par le plus grand nombre, d’où une diffusion massive, légale et gratuite sur Internet et sur le mobile. La diversité sera assurée quant à elle par le fait que des marques souhaiteront atteindre une cible particulière. Les films d’auteurs ne disparaitront donc pas. Néanmoins, on est en droit de s’inquiéter pour les petits producteurs indépendants, mais ne sont-ils pas déjà très fragiles à l’heure actuelle?
Ainsi, les marques vont à mon sens prendre la place des producteurs (ces derniers deviendront des sous-traitants), les distributeurs vont quasiment disparaître (diminution du nombre de salles de cinéma), les chaînes de télévision vont perdre de leur pouvoir (audience plus éclatée, concurrence d’Internet), les régions vont en gagner (image de la région) et les SOFICA vont avoir du soucis à se faire.
A voir l’orientation du marché de la musique (dernier exemple en date avec Omaha Bitch : http://www.cbnewsblog.fr/2009/06/08/fan-domaha-bitch/), tous les produits culturels risquent de bénéficier du même traitement…
Ta vision paraît aller dans le sens des choses, mais on peut se demander si les ordres de grandeur pourront être respectés :
le budget de tournage d’un film est-il comparable au budget d’une campagne de pub?
(certes, le budget actuel d’un film peut être significativement réduit si on ne donne pas 20M$ à la star, mais tout de même…)
Tu as probablement raison sur l’ordre de grandeur mais peut être n’est ce qu’un début : PPR a investi 10 millions d’euros dans le film « Home » alors que le budget moyen d’un film en France est de 6,42 millions d’euros. Et une importante partie d’une campagne pub concerne l’achat d’espace (30 sec sur TF1en prime time coûtent je crois environ 50k€). Il faut imaginer les économies à faire grâce à une diffusion de masse et surtout gratuite sur Internet.