Grande question aujourd’hui. Existe-t-il un lien entre la loi de Parkinson et la valeur perçue par les consommateurs pour les contenus audiovisuels ? En d’autres termes, le piratage est-il acentué par le fait que les lecteurs MP3 et les disques durs permettent aujourd’hui de stocker des milliers de titres, de photos ou de films ?

Loi de Parkinson : la nature a horreur du vide

La Loi initiale de Parkison (émise en 1958 par Cyril Northcote Parkison dans son livre “Les Lois de Parkinson” ) constate que “le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement”. Ainsi, plus nous avons de temps pour effectuer une tâche (contenant), plus nous allons occuper ce temps (contenu). Cette loi qui peut être très utile afin de mieux comprendre l’administration et la bureaucratie a également été adaptée au secteur de l’informatique : “Les données s’étendent jusqu’à remplir l’espace disponible pour leur stockage”.

Ainsi, plus les consommateurs auront accès à des espaces de stockage importants, plus ils auront une tendance naturelle à les remplir. Le problème vient donc de la disponibilité des données. Avec Internet et plus particulièrement les réseaux P2P, les internautes ont pu s’approvisionner gratuitement en données afin de remplir leurs espaces de stockage (lecteur MP3, disques durs…). Les offres légales quant à elles ne leur permettaient peu (sous la contrainte des DRM) ou pas. Ce que nous enseigne cette loi, c’est que la nature a horreur du vide : les espaces vides doivent nécessairement être remplis : dans notre cas, ils peuvent l’être légalement, et si cela n’est pas possible, ils le seront obligatoirement d’une autre manière, donc illégalement (faisant ainsi évoluer les consommateurs en pirates).

Equilibrage entre la valeur de stockage, la valeur perçue et le prix de vente

Il serait désormais utile d’étudier l’impact de ces capacités toujours croissantes de stockage sur la perception de la valeur des contenus par les consommateurs. En effet, avec un CD album acheté 15-20 euros dans le commerce et contenant entre 10 et 15 chansons, chaque titre “valait” en termes de stockage entre 1 et 2 euros. Au niveau de la valeur perçue pour chacun de ces titres, cette valeur de stockage et l’effet de rareté dû au contrôle de la distribution des maisons de disques pouvaient jouer et ainsi accroître l’importance de l’achat d’un CD. Nous pouvons donc légitimement penser que la valeur perçue était plus ou moins comprise dans cette fourchette de 1 à 2 euros.

Aujourd’hui avec un lecteur MP3 (on va prendre le plus connu même s’il n’est pas le moins cher : l’iPod), on peut stocker jusqu’à 120 Go, soit “30 000 chansons, 150 heures de vidéo ou 25 000 photos” pour 249 euros. Si nous ne prenons que les chansons, nous obtenons ainsi le titre à un prix de stockage de 0,0083 euro.

Ainsi, en l’espace d’une dizaine d’années, la valeur de stockage d’un titre est passé de 1 à 0,0083 euro soit une baisse de plus de 99%. La valeur perçue par les consommateurs à très probablement dû être également impactée à la baisse et devrait se situer dans une fourchette allant de 1/2 à 1 centime d’euro (cette hypothèse devrait néanmoins faire l’objet d’une étude empirique). Si cette hypothèse est vérifiée, nous devrions donc pouvoir se procurer légalement un titre à 1 centime d’euro.

About Cédric Bellenger

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