Imaginez : vous créez votre start up web sur un concept facile pour l’utilisateur, attrayant et un poil avant “l’ère du temps” afin d’être le ou l’un des premiers sur ce créneau (un poil compliqué, je l’admets).
Vous arrivez à lever des fonds et votre service commence doucement sa progression : vous obtenez quelques dizaines, voire centaines, voire quelques millions d’utilisateurs et juste avant de se faire racheter quelques milliards par un poids lourd de l’Internet, ce qui vous permettrait de prendre votre retraite anticipée, un énorme acteur copie colle votre concept et se base sur sa puissance de diffusion pour prendre votre place de numéro 1 car grâce à vous, il a obtenu la preuve de concept qu’il recherchait.
Pour lui : économie de développement (il ne prend que ce qu’il y a de meilleur), économie d’étude de marché (car déjà faite par votre start up), il sait que la demande est concrète et qui lui suffit de pénétrer ce nouveau marché. Pour vous : soucis.

Si dans les industries, les avantages compétitifs étaient davantage pérennes car basés sur des brevets, des matériaux, des savoirs techniques et spécialisés (industries automobile, aéronautique…), il en est tout autrement pour le web et les entreprises évoluant sur des produits “virtuels”.
Exemples :

– L’industrie du disque s’organise autour de Majors qui scrutent l’activité des labels indépendants, dénicheurs de talents. Si des artistes ou groupes signés dans un premier temps sur ces labels indépendants, rencontrent le succès, ils sont alors approchés par les majors. Ces dernières négocient avec les labels indépendants des accords de distribution : tout le monde y gagne.

– Second exemple moins profitable pour tous : Microsoft. Le géant de Redmond qui avait pris un léger retard sur le marché des navigateurs au milieu des années 1990, a choisi de proposer son navigateur Internet Explorer par défaut avec son système d’exploitation Windows distribué à quelques millions d’exemplaires afin de rattraper son retard. Ceci lui valu quelques procès, mais lui permit de « tuer » Netscape, alors 1er navigateur web et de devenir le navigateur le plus utilisé au monde.

Aujourd’hui, c’est probablement au tour de Foursquare et des services de coupons en ligne tel que Groupon de voir leurs concepts être adaptés par le géant Facebook et d’être proposés à ses 500 millions d’utilisateurs (dont 200 millions sur mobile).

Facebook va en effet proposer grâce à son service Facebook Places des offres spéciales à ses membres qui se géolocalisent (grâce à leur mobile) chez des commerçants partenaires. L’offre sera dans un premier temps disponible aux Etats-unis / Canada et prochainement en France. Il suffira aux mobinautes connectés à Facebook d’indiquer où ils se trouvent pour que Facebook leur indique les commerçants partenaires aux alentours. Une fois chez le commerçant, les mobinautes pourront obtenir des réductions.

Facebook a ainsi pu vérifier que la géolocalisation représentait une offre viable (même si seulement 1% des américains se géolocalisent) ou dans tous les cas attrayante (4 millions d’utilisateurs pour foursquare) et qu’il était possible de créer des revenus (business model de Groupon). Il lui “suffit” de proposer des offres similaires et même si le taux d’adoption par ses membres ne se compte qu’en unité de pourcentage, ceci représentera quelques millions, voire quelques dizaines de millions d’utilisateurs… Un rêve pour toute start up.

About Cédric Bellenger

Curious since 1980.
cedricbellenger@gmail.com
fr.linkedin.com/in/cedricbellenger