Les puissantes industries du disque et cinématographique américaines seraient-elles en train de trouver une solution contre le piratage sur Internet ? L’année 2009 pourrait en effet très bien voir un système de riposte graduée être mis en place (du moins aux États-Unis).

Suite aux déclarations la semaine dernière de l’industrie musicale américaine (représentée par la RIAA) qui souhaite instaurer en partenariat avec les Fournisseurs d’Accès Internet (FAI) américains une riposte graduée, c’est au tour de la Motion Picture Association of America (MPAA) de déclarer vouloir mettre en place son propre dispositif de dissuasion. Cette démarche qui on le rappelle consiste à envoyer dans un premier temps des e-mails d’avertissement aux internautes pirates puis éventuellement de diminuer voire couper leur accès à Internet est basée en grande partie sur la crainte de se voir « la main pris dans le sac ». Cette crainte a apparemment ses effets puisque comme le précise le site ars technica, la plupart des internautes ayant reçu un premier e-mail arrêtent de télécharger sur les réseaux P2P « illégaux ».

Après avoir porté plainte contre des mères célibataires ou encore contre des adolescents âgés de 13 ans (faits grandement relayés par les médias et par les blogueurs), les industries du disque et cinématographique américaines doivent redorer leur blason et ainsi combler le fossé qui les séparent de leurs consommateurs. Ainsi, en ne ciblant que les pirates confirmés et insensibles à toutes menaces, les avocats de la RIAA et de la MPAA pourraient « filtrer » leurs plaintes et ainsi attaquer un nombre limité d’internautes ayant pour effet une moindre couverture médiatique (35 000 plaintes ont été déposées par la RIAA depuis 2003).

Le subtil dosage dissuasif

Si on peut penser que recevoir un e-mail pousse la majorité des internautes avertis à stopper tout téléchargement illégal (on imagine bien la goutte de sueur couler le long de la tempe en lisant l’e-mail), on peut néanmoins se poser des questions sur le nombre d’e-mails à envoyer et le nombre d’accès Internet à couper. Toute la subtilité pour la RIAA et la MPAA est de trouver en effet un juste milieu entre d’un côté un envoi trop massif d’e-mails, ce qui aurait probablement pour conséquence la création de groupe de « résistance » (notamment sur Facebook) et d’une dégradation de l’image de ces deux industries et de l’autre, la non concrétisation des menaces. Cette dernière inciterait les internautes à continuer de télécharger illégalement (tant qu’un proche n’a pas reçu cet e-mail, on ne se sent pas concerné).

La contrainte « technologie »

Outre ce subtil dosage, la principale faiblesse d’un tel dispositif réside en son caractère temporaire. En effet, la riposte graduée est tributaire de l’évolution technologique qui fait émerger de plus en plus rapidement et de plus en plus souvent de nouveaux services aidant les internautes à consommer gratuitement (surf anonyme, accès gratuit via des bornes WiFi par exemple). Le défi pour ces deux industries est donc de ne pas uniquement à chercher à contrôler les internautes en les menaçant mais à s’adapter à leur évolution.

La riposte graduée permettrait d’accroître la crainte relative au téléchargement illégal mais elle doit nécessairement s’accompagner d’une offre légale élargie, présentant plus d’utilité, moins chère qu’elle ne l’est actuellement et donc plus concurrentielle car elle minimiserait les risques de « résistance » au téléchargement légal. Le problème ne vient pas de la demande (les internautes) mais bien de l’offre et donc des producteurs de contenus.

About Cédric Bellenger

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