Les téléphones portables sont promis à un très bel avenir ou sombreront sous le poids de la crainte liée à la dangerosité des antennes relais. La miniaturisation des composants électroniques couplée à l’augmentation des capacités technologiques vont faire de notre téléphone mobile un véritable petit ordinateur personnel avec lequel, en plus de téléphoner, surfer sur le net, photographier ou filmer, il sera également possible d’accéder à ses comptes bancaires, d’effectuer des micro paiements (remplaçant ainsi la carte bancaire) ou encore de connaître comme bientôt à Tokyo les wagons de métro où il y a de la place…

Les possibilités sont ainsi innombrables : 61 millions de téléphones mobiles rien qu’en France, 60 milliards de minutes consommées en 2003, 102 milliards en 2008… Google et Apple l’ont bien compris en développant pour le premier le système d’exploitation Android et pour le second, en commercialisant le très fameux iPhone (alors que le cœur du métier d’Apple était la vente d’ordinateurs). Ces ordinateurs qu’ils soient de bureau ou portables vont ainsi de plus en plus être concurrencés frontalement par les téléphones portables.Tout semble en effet converger vers un produit de plus en plus petit, mobile et transversal.

Le secteur de la téléphonie mobile va ainsi comme l’Internet l’a fait pour les industries musicales, cinématographiques et de la presse, venir bouleverser des secteurs jusqu’alors protégés. Je pense ici notamment au secteur bancaire. Selon la dernière étude du cabinet Berg Insight, le nombre d’utilisateurs de services bancaires devrait en effet passer de 20 millions de clients actuellement à 913 millions d’ici 2014. Même si l’étude précise que “les téléphones mobiles sont idéalement positionnés pour devenir le canal principal pour les fournisseurs de services bancaires et financiers auprès des marchés émergents”, le fait est que de plus en plus, les innovations issues ou pensées pour les marchés émergents débarquent dans les pays développés : exemple de la Dacia-Logan de Renault initialement pensée pour les pays émergents et commercialisée en Europe, exemple de la voiture Nano du constructeur indien Tata prochainement commercialisée en Europ ou encore l’exemple des microcrédits initiés il y a vingt ans au Bangladesh par le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus et repris récemment par BNP Paribas en France en association avec l’Adie.

Néanmoins, toutes ces prévisions risquent de connaître un sérieux coup de frein suite aux nombreuses craintes exprimées dans un premier temps par les utilisateurs de téléphones mobiles puis par les riverains de zones où étaient installées des antennes relais. Le 5 mars, “le tribunal de grande instance d’Angers a, au nom du “principe de précaution”, interdit des travaux prévus par Orange pour ériger trois antennes de téléphonie mobile sur l’église du village de Notre-Dame-d’Allençon dans le Maine-et-Loire” (source : Challenges). Avant cela, Bouygues Telecom et SFR avaient été condamnés respectivement le 4 et 16 février pour “trouble anormal de voisinage” et avaient été contraints à démonter des antennes-relais, seule manière de faire cesser “le préjudice moral résultant de l’angoisse créée et subie”. Cette nouvelle jurisprudence devient en conséquence une réelle menace pour les quelques 50 000 antennes réparties sur le territoire français (18 000 pour SFR, 18 000 pour Orange et 13 500 pour BT) et donc pour toute l’industrie de la téléphonie mobile à qui l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) demande paradoxalement de couvrir en 3G 98% de la population.

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