Il est certain que les réseaux sociaux sur Internet tels que Facebook ou encore Twitter permettent d’augmenter la taille de son réseau personnel car ils diminuent fortement le coût de recherche d’”amis” (grâce notamment à la fonction “vous connaissez peut-être…”) ou encore le coût lié au fait de garder le contact (au minimum, un petit commentaire sur une photo ou un statut permet de le faire).

Cependant, certains primatologues pensent que ces réseaux sociaux génèrent ou du moins augmentent le coût lié au fait de se rappeler de toutes les connections entre ses amis, de se souvenir qui est ami ou ennemi avec qui et d’agir en conséquence. Cela nécessite ainsi une réflexion, donc un coût. Robin Dunbar, un anthropologue qui exerce à l’université d’Oxford a conclut il y a déjà plusieurs années que les capacités cognitives de notre cerveau limitaient naturellement la taille de notre réseau. En extrapolant les données provenant de la taille d’un cerveau d’un singe et de son réseau social, Robin Dunbar a suggéré que la taille de notre cerveau limitait le nombre d’individu avec qui nous pouvions réellement conserver un contact régulier à 148, approximativement, 150 : qui est devenu le “Dunbar’s number”. Beaucoup d’institutions, de villages néolithiques semblent être organisés autour de ce nombre. Puisque tout le monde connaît tout le monde, de tels groupe peuvent fonctionner avec un minimum de bureaucratie.

Néanmoins, d’autres anthropologistes tels que Russell Bernard et Peter Killworth ont selon leur estimation, doubler ce nombre et Peter Marsden de l’université de Harvard a distingué le réseau et le “cœur” du réseau social d’un individu. Ainsi, selon ses recherches, les américains ne vont discuter de “choses importantes” qu’avec un nombre très restreint d’amis.

Avec Internet et notamment les réseaux sociaux, il est désormais possible de tester ces différentes hypothèses. Le journal The Economist a ainsi demandé à Cameron Marlow, sociologue à Facebook, de déterminer le nombre moyen de contacts des quelques 175 millions d’utilisateurs du service. Marlow trouva ainsi en accord avec l’hypothèse de Dunbar que les internautes se constituent un réseau moyen de 120 personnes et que les femmes ont tendance à avoir davantage de contacts. Cependant, certains individus sont en contact avec plus de 500 autres internautes, ce qui ne permet pas de valider totalement l’hypothèse de Dunbar. De plus, le nombre moyen de personnes avec qui un internaute interagit régulièrement est remarquablement petit et stable. Plus cette interaction est active, plus le groupe est concentré. Ainsi, un homme qui a sur Facebook 120 amis ne répond généralement qu’à 7 de ses amis qui publient des commentaires, des photos, ou encore des statuts. Une femme répond en moyenne quand à elle à 10 de ses amis. Lorsque la relation se fait dans les deux sens, par exemple grâce aux e-mails ou au chat (communication directe et personnelle entre deux internautes), ce nombre tombe en moyenne pour un homme à 4 et pour une femme à 6. Ceci corrobore ainsi l’hypothèse selon laquelle les individus entretiennent un réseau et également un cœur de réseau.

Traduction partielle de l’article “Primates on Facebook” paru dans The Economist

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