La blague de cette fin de semaine. L’UMP qui est pourtant “très attaché au respect des droits d’auteur” se voit accusé par une avocate spécialisée dans la propriété intellectuelle de contrefaçon. Le parti politique actuellement dirigé par Xavier Bertrand a en effet utilisé à plusieurs reprises le titre “Kids” du groupe américain MGMT lors du meeting du 25 janvier dernier à la Maison de la Mutualité, lors de rassemblements divers ainsi que dans des vidéos sur Internet.
« Ce sont des actes de contrefaçon, une atteinte au droit de la propriété intellectuelle« , a déclaré à l’AFP Me Isabelle Wekstein, l’avocate de MGMT. N’étant pas parvenu à trouver un accord à l’amiable, elle envisage désormais d’agir en justice. Si Dailymotion a répondu aux sollicitations de l’avocate, en retirant les vidéos incriminées, l’UMP n’a toujours pas donné signe de vie. « On voit que ceux qui préconisent la chasse aux internautes ne sont pas les plus respectueux du droit des artistes« , poursuit Me Isabelle Wekstein.
Même si cette affaire permet au groupe de se faire de la publicité gratuitement, elle peut néanmoins faire désordre alors que Nicolas Sarkozy avait pourtant bien précisé “qu’il n’avait pas été élu pour laisser voler au supermarché” et que le projet de loi, émanant du gouvernement, de protection de la création sur Internet va être examiné au Parlement dans deux semaines…
Je m’étonne beaucoup de l’étrange procès qui est fait ici à l’UMP… Est-il possible que des blogueurs chevronnés s’abandonnent de la sorte aux confusions les plus déplacées ? Aux raccourcis les plus saugrenus ?
Mettons les choses au point : cette affaire de fond musical n’est qu’un paravent, un prétexte confortable saisi par une avocate pour dilater ses honoraires et s’assurer une publicité à bon compte, sans parler du groupe lui-même, dont les leaders peinent cocassement à expliquer la substance précise de leurs clameurs indignées.
Au demeurant, la matière de cet épisode est dénuée de toute incertitude, de tout mystère ! Les principaux intéressés eux-mêmes indiquent que les pièces musicales diffusées par leurs services l’ont été après règlement de la taxe générique due à la Sacem, comme il est d’usage pour toute émission d’oeuvres sur sites publics. Pour leur part, les interprètes concernés et leur avocate, en refusant toute proposition d’arrangement amiable émanant de la partie adverse, démontrent leur intention claire d’instrumentaliser une affaire soigneusement montée en épingle afin d’en tirer avantage, en termes financiers notamment.
De la part d’individus qui se disent artistes, c’est là un comportement singulièrement prosaïque, frappé du sceau du mercantilisme le plus noir et le plus épais.
Bien éloignée de ces avatars bénins se tient par exemple l’affaire insolite du Logo de la ville de Metz ! Pour le coup, il ne s’agit plus de signaler la diffusion d’une chanson populaire devant un public de passage, mais bien de suspecter une pratique autrement plus choquante, reposant sur un système soupçonné d’être construit dans l’objectif de spolier des tiers. Appel d’offres officiel, étude attentive des projets soumis, affectation de rejet des propositions et, pour finir, conception d’un produit calqué sur l’une des élaborations réceptionnées, c’est là un enchainement qui, s’il était confirmé, relèverait d’une stratégie délibérée dont la nature et la gravité seraient sans commune mesure avec le flottement technique évoqué dans le cadre du fond sonore reproché à Xavier Bertrand !
A toutes fins utiles, je précise que les lecteurs intéressés pourront trouver les détails de cette affaire à l’adresse http://www.florence-soriano-gafiuk.fr/blog/actu-politique
(articles du 2 février et du 23 janvier).
Pour revenir enfin au présent sujet, je trouve parfaitement indigne cette manière de se saisir avec empressement des prétextes les plus incongrus pour déprécier à bon compte une personne ou une formation politique. Ce genre de procédés commodes semblent se répandre, et c’est là, à mon sens, une bien regrettable tendance.
Florence Soriano-Gafiuk