On parle beaucoup ces derniers temps du respect de la vie privée et de la confidentialité des informations personnelles diffusées sur Internet (n’est-ce pas Facebook?). Ainsi, même si les internautes souhaitent toujours plus partager, plus de 80% déclarent se sentir préoccupés par le contrôle de la diffusion de leurs informations sur la toile. Seulement, le thème est biaisé puisque pour l’instant, mis à part le fait que les réseaux sociaux nous permettent de nous contacter/connecter (il s’agit néanmoins d’un progrès considérable par rapport aux générations antérieures), le principal avantage lié à cette diffusion d’informations concerne non pas les internautes mais bien les annonceurs. Ces derniers peuvent en effet mieux cibler leur publicité (en fonction, du sexe, de l’âge, des revenus, des habitudes de consommation… des internautes). Néanmoins, le problème réside dans le fait que personne ne souhaite vraiment regarder les pubs. Différents services sur Internet dont notamment adBlock sur Firefox servent à cela. Il s’opère ainsi un déséquilibre pour les internautes entre les faibles avantages (des publicités mieux ciblées) et les importants inconvénients (informations personnelles diffusées sur Internet).

Selon moi, les mentalités vont évoluer lorsque le fait de partager des informations personnelles mais anonymes permettront aux internautes d’obtenir non plus de simples publicités ciblées mais de véritables gains/avantages liés au fait d’utiliser des services adaptés à leurs attentes. On en connaît plus ou moins les prémices avec par exemple Google qui offre gratuitement la plupart de ses services en échange de données anonymes (cet échange suscite néanmoins quelques craintes). Ainsi, les sociétés doivent jouer sur deux fronts. Le premier : grâce aux données personnes, offrir un service totalement adapté et non pas uniquement des publicités ciblées et le second : utiliser ces données afin de permettre aux annonceurs de mieux cibler leur publicité et ainsi augmenter leur retour sur investissement (ROI). Tout le monde y serait ainsi gagnant : annonceurs, services et internautes.

Et ce débat n’en est qu’à ses débuts. Les technologies aidant, les services vont de plus en plus et très largement faire appel à des données personnelles et anonymes pour premièrement : se différencier, être innovant et deuxièmement : proposer un service ciblé à leurs utilisateurs. Le web sémantique qui est pour beaucoup (moi compris) la  prochaine révolution de l’Internet permettra la création de nouveaux services facilitant la vie des internautes en leur faisant gagner du temps. Tim Berners Lee indiquait ainsi récemment : “Imaginez si deux choses totalement distinctes, par exemple votre compte en banque et votre agenda, puissent parler le même langage et se partager des informations. Vous pourriez ainsi faire glisser les informations de votre compte en banque vers votre agenda et vous pourriez savoir à quelles dates précises vous avez dépensez cet argent”. Pour que cela soit possible, il faudra néanmoins accepter de “libérer” davantage ses informations les plus personnelles (dont les comptes bancaires). C’est déjà le cas (compte en ligne, Google agenda…) mais les informations devront se croiser augmentant ainsi le risque de piratage et donc la crainte des internautes. Si nous regardons un peu plus loin, ce sont les informations strictement personnelles comme par exemple le patrimoine génétique qui risquent d’être diffusées sur Internet. Aujourd’hui, si vous utilisez Facebook, vous pouvez faire la connaissance d’autres personnes qui parce qu’elles partagent avec vous un certain nombre d’amis, peuvent vous intéresser “Vous connaissez peut-être…”. Avec des sites tels que 23&me (dont la fondatrice Ann Wojcicki, est la femme de Sergey Brin co-fondateur de Google), le futur des réseaux sociaux et notamment le fait de faire la connaissance d’autres personnes reposera très probablement sur non plus “les amis en commun” mais “le patrimoine génétique en commun”. Il semble en effet qu’il sera possible dans un futur très proche de  faire décrypter son génome (l’ensemble de ses gènes) pour un prix relativement faible (1 000 $).

Ainsi, les internautes tout comme ils le font actuellement pour les prix (avantages liés au produit vs inconvénients de la dépense) feront ce même type de calcul : avantages liés à l’utilisation du service vs inconvénients liés à la diffusion d’information personnelle. Aujourd’hui, ils semblent que les inconvénients soient plus importants (ou plus visibles) que les avantages.

About Cédric Bellenger

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